En 2020, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur enregistrait de mauvais résultats selon l’OMS dans sa mesure des pollutions de l’air aux particules fines, à la totalité des particules en suspension et à l’ammoniac !
Dans les zones rurales, l’usage des engrais azotés en agriculture, leur transport et la gestion des effluents d’élevage ont une responsabilité quant à l’origine de ces émissions polluantes, ainsi qu’avec un moindre impact, le travail du sol et la pratique de brûlage à l’air libre des résidus agricoles.

AgriQair – Qualité de l’air et agriculture: IRA2E lauréat de l’appel à projets MATI’AIR

L’Inter-Réseau Agriculture Énergie Environnement (IRA2E) aide les acteurs du monde agricole à réduire l’impact de leurs activités sur le climat et l’environnement en expérimentant des solutions alternatives innovantes.

Ces nouvelles pratiques permettent une réelle amélioration de la qualité de l’air et des effets positifs pour l’ensemble du système agricole et le territoire: diminution des polluants atmosphériques, amélioration de la qualité des sols, amélioration des performances économiques des exploitations, collaborations territoriales…

Mati’Air , une volonté d’essaimer les bonnes pratiques et de favoriser le passage à l’acte des agriculteurs et des agricultrices.

Lancé en début d’année et financé par l’ADEME, Mati’Air s’appuie sur 8 expérimentations menées en étroite collaboration avec une douzaine d’agricultrices et agriculteurs de la région SUD afin de tester des pratiques innovantes pour, notamment, réduire la pollution atmosphérique.

Les 8 expérimentations réparties autour de 4 volets :

Volet 1 : Utilisation soutenue dans le Var par Les Alchimistes Côte d’Azur, entreprise à impact, d’un compost de biodéchets alimentaires en circuit court par le Domaine Bunan au Castellet et le Domaine Allamande à Collobrières (à retrouver sur EchoSud : La Farlède – Journée Mondiale des Sols, à propos du thème 2024 « les données et informations sur les sols» : le compost est-il un allié du viticulteur ?) ;

Volet 2 :  Valorisation des déchets de pépinières viticoles par le lycée agricole de Carpentras (84) ;

Volet 3 : Broyage d’arrachages viticoles et arboricoles, et utilisation en retour au sol au Domaine Laget à Auriol (13) ;

Volet 4 : Transformation des résidus agricoles en énergie menée au Château La Nerthe à Châteauneuf du Pape (84) ainsi que dans les Bouches-du-Rhône au GAEC Chourmo et au Domaine La Grande Bauquière et visite de la chaufferie biomasse de Brignoles (83).

Application du volet 3
Alternative au brûlage à l’air libre de végétaux au Domaine Laget à Auriol (13)

Le contexte

L’arrêté préfectoral n°2013-322-0020 du 18 novembre 2013, en vigueur dans les Bouches-du-Rhône, interdit le brûlage à l’air libre de végétaux, avec des dérogations qui sont amenées à disparaître, y compris pour les agriculteurs. Cette pratique engendre des émissions de particules fines et de gaz à effet de serre –GES, qui ont un impact non négligeable sur la qualité de l’air.
C’est notamment le cas en viticulture quand, lors du renouvellement du vignoble, les vignes arrachées sont très majoritairement brûlées. A titre d’exemple, 50 kg de déchets verts représentent les émissions de près de 6 000 km avec un véhicule à moteur thermique. Les dégagements sont notamment constitués de monoxyde de carbone(CO), d’oxydes d’azote (Nox) et d’hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP). Ces molécules sont reconnues pour avoir un impact sur la santé à partir des concentrations suivantes, CO:10mg/m³; NOx:30μgeqNO2/m3; HAP:1ng/m3.

marie emma laget

Marie Emma Laget

domaine laget

La mauvaise qualité de l’air impacte la santé des agriculteurs, des éleveurs, de leurs animaux et du voisinage. Asthme, allergies, maladies respiratoires ou cardiovasculaires, cancers : les particules sont à l’origine ou aggravent de nombreuses pathologies. Plus elles sont fines, plus elles sont nocives, car elles atteignent les alvéoles pulmonaires et pénètrent dans le sang.
En Europe, les particules fines contribuent à une perte d’espérance de vie de 8 à 10 mois et sont responsables de 48 000 décès prématurés par an en France. Elles perturbent également l’équilibre des écosystèmes terrestres et aquatiques tels que la réduction de la photosynthèse des plantes, les échanges gazeux difficiles, l’acidification des sols…et contribuent au changement climatique.
Les sols méditerranéens figurent parmi les plus pauvres en matières organiques, facteur aggravant de sècheresse et désertification. Ceci est d’autant plus vrai pour les sols viticoles du fait des pratiques historiques à savoir un travail du sol important, le désherbage chimique, la fertilisation minérale, ou le peu d’apports de matière organique…  

La nécessité pour les exploitations agricoles de s’adapter aux évolutions du climat responsables de nouvelles distributions des précipitations, d’épisodes plus fréquents de gels tardifs, de chaleurs extrêmes, d’orages plus intenses…, est déjà une réalité en région Provence-Alpes-Côte-D’azur.
En parallèle, l’obligation réglementaire du tri et la valorisation des biodéchets mises en place en 2024 représente un gisement de 450 000 t de biodéchets alimentaires à transformer et ceci idéalement au plus près des gisements afin de réduire au maximum les impacts liés aux transports.

Au Domaine Laget

Le Domaine familial Laget est composé de 14 ha de vignes et d’oliviers. Lancée en octobre dernier sur une parcelle expérimentale d’1 hectare de vignes plantées en 1972 et qui arrivent en bout de production, appartenant à Marie-Emma Laget, jeune viticultrice de 23 ans, cette étude a pour objectif d’éviter le brûlage, d’améliorer la qualité de l’air et d’améliorer le fonctionnement du sol.
Après avoir préparé la parcelle, avec l’enlèvement des matériaux résiduels comme des piquets, fils de fer, pierres…, et avoir réalisé un état sanitaire pour s’assurer que la vigne n’est pas porteuse d’une maladie qui pourrait se transmettre, le broyage mécanique sur place a aboutit au dépôt du broyat au pied des vignes.
Cet apport de matière organique sur les sols méditerranéens souvent appauvris améliore leur structure, permet de conserver l’humidité et d’améliorer le stockage du carbone. Enfin, la biomasse microbienne du sol est aussi dynamisée, renforçant ainsi sa bonne santé et ses capacités productives.
Si la technique semble simple c’est pourtant un véritable changement de pratique pour les agricultrices et agriculteurs qui s’engagent ainsi à protéger la biodiversité et à améliorer la qualité de l’air en région.

Pour Romain Gateau, Conseiller Environnement à la Chambre d’agriculture des Bouches du Rhône et Amélie Himpens, ingénieure agronome et chargée de projet Biomasse – Énergie – Agriculture-Territoires au sein du Geres, assurant la coordination technique du projet Mati’Air pour l’IRA2E : « La valorisation par broyage et incorporation des résidus agricoles issus de l’arrachage en viticulture est encore trop peu réalisée sur le territoire régional. Or c’est une alternative au brûlage à l’air libre qui permet en plus un retour de matière organique au sol. L’objectif de ce projet est de continuer à perfectionner la faisabilité technique et économique du broyage de souches de vignes et répondre aux questions sanitaires et agronomiques qu’il soulève. Nous souhaitons enfin faire connaitre les pratiques alternatives au brûlage, bien identifier leurs avantages et leurs limites pour que les agriculteurs puissent s’en saisir en toute connaissance de cause. »

Autant d’études solides permettent de tester des pratiques innovantes pour, notamment réduire la pollution atmosphérique, et ambitionnent d’essaimer les bonnes pratiques au moment du passage à l’acte des agriculteurs et des agricultrices.

logo iraee

À PROPOS DE L’IRA2E

L’Inter-Réseau Agriculture Énergie Environnement (IRA2E) est un réseau de compétences pour la transition énergétique, climatique et environnementale de l’agriculture qui répond à des enjeux particulièrement élevés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Il regroupe 7 têtes de réseau agricole: Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Chambre d’Agriculture Régionale, la Maison Régionale de l’Élevage, la Filière Cheval Sud, le CRIPT PACA et en particulier le Lycée agricole de Carpentras, Solagro et le Geres.
Co-présidé depuis juin dernier par le Geres et Biode Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce collectif engagé a adopté dès décembre 2022 le statut d’association Loi 1901, le positionnant comme une importante porte d’entrée en région, capable de répondre à toutes les questions sur les thématiques énergie, environnement et climat en agriculture.

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AUTEUR : Informations_Presse (echosud.fr)