Né des programmes régionaux AGIR et AGIR+ (2007/2012) « Vers 100 exploitations exemplaires », l’Inter-Réseau Agriculture Énergie Environnement , l’IRA2E,  est un réseau de compétences pour la transition énergétique, climatique et environnementale de l’agriculture qui répond à des enjeux particulièrement élevés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, où l’agriculture consomme plus d’énergie à l’hectare que la moyenne nationale.

LES 7 STRUCTURES MEMBRES DE L’IRA2E

L’IRA2E regroupe 7 structures agricoles et d’expertise en énergie et en agronomie :

Depuis le 1er décembre dernier, ce collectif engagé et co- présidé cette année par le Geres et la Chambre d’Agriculture régionale a adopté le statut d’association Loi 1901, le positionnant comme une importante porte d’entrée en région, capable de répondre à toutes les questions sur les thématiques énergie, environnement et climat en agriculture.

Pour Amélie Himpens, Chargée de projets biomasse énergie agriculture territoire climat au sein du Geres : « Grâce aux 7 têtes de réseau agricole qu’il regroupe, l’IRA2E conseille, accompagne et développe des projets financés en partie par l’ADEME PACA et la Région Sud, qui aident les acteurs du monde agricole à réduire l’impact de leurs activités sur le climat et l’environnement, tout en favorisant l’adaptabilité et l’autonomie des exploitations agricoles. Le nouveau statut de l’IRA2E permet désormais de gagner en visibilité et en notoriété, avec pour objectifs affichés de démultiplier les actions communes à l’ensemble de ses partenaires et mutualiser les chantiers pilotes en région mais aussi sur d’autres territoires.»

Parmi les actions phares de l’IRA2E, citons le développement des alternatives au brûlage à l’air libre des résidus de culture, la mise en place d’un outil de diagnostic énergie et gaz à effet de serre à l’échelle des exploitations agricoles, les actions d’économie d’énergie en agriculture, le test de consignes de verre ou encore le déploiement des pratiques permettant le stockage carbone dans les sols agricoles.

LE CHIFFRE CLÉ

+ 14% de consommation énergétique moyenne par hectare cultivé en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, comparé au reste de la France.  Source : Climagri de la région PACA

ZOOM SUR 3 PROJETS INITIÉS EN 2022

DÉVELOPPEMENT DE LA CONSIGNE DES BOUTEILLES ET CONTENANTS EN VERRE UTILISÉS EN AGRICULTURE

Le poste verre est le poste le plus important côté consommation énergétique et gaz à effet de serre pour les exploitants viti-vinicoles. Aussi, l’IRA2E met en place à destination des agriculteurs, conseillers et lycées agricoles des interventions de sensibilisation sur le réemploi du verre.

Cinq ateliers de sensibilisation ont déjà été effectués. Ils donneront naissance à six diagnostics de réemploi pour le passage à la consigne de verre. Parmi les quatre premiers diagnostics en cours, trois sont situées dans le Vaucluse (l’EARL Vergers des Cabanes à Avignon, le domaine viticole Roche-Audran à Buisson et la Cave coopérative viticole Valdèze à la Tour d’Aigues) auquel vient s’ajouter le domaine viticole Château de Pibarnon à La Cadière-d’Azur situé dans le département du Var

Zoom sur l’action menée au domaine viticole Château de Pibarnon à La Cadière-d’Azur

Station de lavage de bouteilles et contenants en verre « Ma Bouteille s’appelle Reviens » localisée à Chabeuil dans la Drôme ©Ecoscience Provence

Station de lavage de bouteilles et contenants en verre « Ma Bouteille s’appelle Reviens » localisée à Chabeuil dans la Drôme ©Ecoscience Provence

Développement de la consigne des bouteilles et contenants en verre, mise en place de chambres froides, substitution des engrais azotés par l’introduction de légumineuses, mais aussi promotion et financement d’alternatives au brulage à l’air libre des résidus de culture, mise en place de 12 parcelles d’expérimentation 4 pour 1000…
L’IRA2E, grâce à ses 7 partenaires, se positionne comme une importante porte d’entrée en région capable de répondre à toutes les questions d’énergie, environnement et climat en agriculture. Avec désormais son nouveau statut d’association, l’IRA2E souhaite démultiplier ses actions sur le territoire et dans d’autres régions.

A noter que 10 % des emballages issus des entreprises et des foyers devront être réemployés en 2027, selon la loi Agec. Le verre, consigné jusque dans les années 1980, sera déterminant dans l’atteinte de l’objectif qui englobe l’ensemble des matériaux.

SUIVI DES PERFORMANCES DE 4 CHAMBRES FROIDES

Quatre chambres froides ont été sur-isolées en fin d’année 2012 dans le cadre des programmes AGIR et AGIR+ afin d’améliorer les performances thermiques et diminuer les consommations d’énergie. Dix ans plus tard, le Geres a par ailleurs conçu 4 nouvelles chambres froides bâties en éco-matériaux, adaptées aux besoins de la ferme pilote en agroforesterie de la Durette dans le Vaucluse (Avignon, 4 ha, 45 fruits et légumes avec des besoins croissants en termes de production). Le suivi de la consommation a permis de mesurer des gains énergétiques de l’ordre de 40 à 50% par rapport à des chambres froides classiques.

L’IRA2E réalisera un complément d’enquête en 2023 sur les utilisations et les préconisations, mettant en avant les avantages et inconvénients de chaque solution.

SUBSTITUTION DES ENGRAIS AZOTÉS PAR L’INTRODUCTION DE LÉGUMINEUSES (QUALITÉ DE L’AIR) Afin de limiter le recours aux engrais azotés, des fermes de la région situées notamment dans les Alpes-de-Haute-Provence (Valensole et Forcalquier) maximisent l’introduction des légumineuses dans leur système : en prairie temporaire (luzerne ou sainfoin sur 3 à 4 ans en tête de rotation par exemple), en interculture à base de légumineuses, en association de culture (une céréale et une légumineuse en plante compagne par exemple) ou encore en culture principale. Ces fermes travaillent également sur la gestion de ces légumineuses pour favoriser l’apport de matière organique dans le système (restitution des pailles, broyage de coupes de prairies temporaires laissées sur place…).

L’IRA2E intervient en proposant des visites de parcelles pour sensibiliser le plus grand nombre sur l’auto-fertilité qui permet notamment de ne plus acheter d’intrants.

LES AUTRES PROJETS PHARES PORTÉS PAR L’IRA2E

PROMOTION ET FINANCEMENT D’ALTERNATIVES AU BRULAGE À L’AIR LIBRE DES RESIDUS DE CULTURE

En vue de développer les alternatives au brûlage à l’air libre des résidus de culture, 9 ateliers pilotes de broyage ont été menés dans les Bouches-du-Rhône (Saint-Andiol, Jouques, La Fare-les-Oliviers), dans le Vaucluse (Les Vignères, Travaillan et Carpentras) ainsi qu’à Beaucaire dans le Gard. Cette action continue en 2023, l’IRA2E organisant et subventionnant des chantiers visant à valoriser les résidus d’arrachage (vignes et vergers) via le paillage, compostage ou encore sous la forme de plaquettes pour une valorisation énergétique.

CONCEPTION ET MISE EN LIGNE D’UN OUTIL D’AUTODIAGNOSTIC GRATUIT A DESTINATION DES AGRICULTEURS

À ce jour, 5600 exploitations ont utilisé l’outil d’autodiagnostic gratuit conçu en juin 2017 par l’IRA2E. Celui-ci permet d’évaluer en quelques minutes la performance énergétique d’une exploitation agricole et de connaître son bilan carbone (cf. www. jediagnostiquemaferme.com).

APPUI À LA CRÉATION DE LA CUMA EQUICOMPOST SUD VAR

Très nombreuses en région, et notamment dans le Var, les structures équestres n’ont pas souvent de débouchés sur leur exploitation pour la valorisation de leurs fumiers, qui peuvent être source de pollutions de l’eau et de l’air (émissions d’ammoniac).

La coopération entre ces établissements et les exploitations en production végétale est un moyen efficace de stocker et composter les fumiers et de les valoriser comme apport de matière organique pour les sols agricoles. Partant de ce constat, les agriculteurs de la CUMA Equicompost Sud Var (La Crau) accompagnés par l’IRA2E, se sont rassemblés afin d’investir dans du matériel de traitement des fumiers.

MISE EN PLACE DE 12 PARCELLES D’EXPÉRIMENTATION 4 POUR 1000

Depuis 2019, l’IRA2E accompagne 12 agriculteurs à la mise en place de pratiques stockantes sur une de leur parcelle afin d’en évaluer l’effet au regard de l’objectif 4/1000 fixé pour neutraliser l’augmentation annuelle du carbone atmosphérique (cf. encadré).
Les sols agricoles constituant au niveau mondial le premier stock de carbone biologique (océans et roches sédimentaires exclues), la mise en place d’un taux de croissance annuel de 0,4% des stocks de carbone du sol (ou 4%o par an), dans les premiers 30 à 40 cm de sol, permettrait de réduire de manière significative la concentration dans l’atmosphère de CO2 liée aux activités humaines.

04 GAEC Reynaud (Champtercier) / Les écuries d’Aurabelle – Stephen Atger (Sisteron) ● 06 Adeline Akermann (Mandelieu) ● 13 Philippe Robert (Meyrargues) / Domaine des possibles – Guillaume Bastard (Pelissanne) ● 84 Hélène Bertrand (Avignon) / Campus Provence-Ventoux (Carpen tras) / Gaec Bertalot (Goult) / Vincent Maurel (St Christol  dd’Albiond’Albion) / Bruno Rey (Villelaure)

CONTEXTE ET CHIFFRES CLÉS DE L’AGRICULTURE EN PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR
Source RGA 2020

  • Surface Agricole Utilisée (SAU) : 628 500 ha (et 29,7 % de la SAU régionale cultivée en bio)
  • Nombre d’exploitations : 18 050
  • Les productions végétales représentent les 2/3 du revenu agricole régional.
  • La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la 3ème région française par sa superficie (31 400 km²).
  • Les surfaces agricoles représentent 628 500 ha, soit près de 20 % du territoire régional contre 51% en France.

L’agriculture régionale est atypique. Diversifiée, elle marque nettement ses spécificités par la présence de cultures permanentes (viticulture, arboriculture, cultures sous abris…), de prairies naturelles, et une moindre représentation des grandes cultures. Elle est par ailleurs marquée par l’Agriculture Biologique, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur connaissant une forte dynamique de développement de cette agriculture. Depuis plus de 10 ans, elle est même en tête des régions françaises en termes de part des surfaces agricoles cultivées en Bio (29,7 % de la SAU régionale cultivée fin 2019 contre 8,5% au niveau national). En 2019, les fermes bio de la région représentent 8,5 % des fermes bio de France.

Parmi les défis que le secteur agricole doit relever, l’un des plus importants est la transition agroécologique, qui induit la prise en compte des enjeux environnementaux, tout en maintenant l’activité économique. L’agriculture régionale doit réussir à rester compétitive tout en s’adaptant aux enjeux climatiques. Par rapport au territoire national, l’agriculture en région consomme davantage d’énergie à l’hectare, principalement en énergie directe, soulignant une forte dépendance des exploitations agricoles aux énergies fossiles. Ceci est dû aux spécificités de l’agriculture régionale, particulièrement diversifiée (chauffage des serres pour la production horticole et de tomates en hiver, besoin de froid lors de la vinification du rosé, conservation en chambres froides…).

Face à ces enjeux, de nombreux exploitants engagés, ou en demande d’accompagnement, dans une démarche responsable sont à la recherche de solutions durables pour viabiliser leur activité, en visant notamment une résilience face aux changements climatiques.