Green Bay se définit comme une nouvelle norme environnementale européenne spécifiquement dédiée aux ports de commerce avec terminaux passagers.
Avec 1 077 escales et 1,5 million de passagers de ferries par an, le port de commerce de Toulon se positionne comme le chef de file de l’initiative Green Bay.
Générer un impact positif sur l’environnement
Financée à 80 % par le Fonds européen de développement régional (FEDER) du programme Interreg Marittimo, la rédaction de cette norme environnementale européenne bénéficie d’un budget d’un million d’euros et du soutien de l’Ifremer, de l’assemblage de l’association française de normalisation (Afnor), de la Région Sud et de l’Institut océanographique Paul Ricard.
Les domaines de travail envisagés couvriront la sensibilisation, la préservation de la biodiversité, la gestion des déchets, la prévention des pollutions accidentelles, l’utilisation durable des ressources en eau et en énergie, la réduction de la pollution atmosphérique, et la gestion des nuisances sonores.
La rédaction de cette norme se fera en étroite collaboration avec divers ports de Méditerranée : La Spezia, Livourne, Bastia, et sera rendue reproductible en Europe.
Patricia Ricard, présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard, est la marraine du projet Green Bay.
Le 23 mai dernier, lors de la présentation du programme par le Port de commerce de Toulon et la Chambre de commerce et d’industrie du Var (CCIV), Patricia Ricard est intervenue sur le thème de la Conservation dans le changement.
Et l’enjeu est d’importance : les océans couvrent 71% de la Planète et 90% de la chaleur industrielle équivalent à 200 ans d’émissions et d’interactions terre-mer. L’activité portuaire a un grand rôle à jouer dans cette réflexion autour de son propre impact environnemental.
Trouver de nouvelles façons de progresser
La Physique nous alerte : une augmentation de température de + 1° est colossale au niveau de la surface, de plus par sa vitesse d’évolution, l’accélération du processus crée des rivières atmosphériques (pluies) et de l’évaporation. La Chimie nous montrer que certains résidus sédimentaires des eaux créent les polluants éternels. et la Biologie nous montre la puissance du vivant et nous indique des solutions inspirées par la Nature.
Ne plus faire seul. Le Port est une source de pollution diffuse. Aujourd’hui, il est devenu la clé de changements.
Il faut des coalitions d’acteurs couplés à la recherche du carré magique, c’est-à-dire des partenariats issus des quatre piliers majeurs :
- Le monde académique : sciences, universités, formations, écoles (temps long)
- Le monde économique et financier
- Le monde sociétal : Médias, ONG, syndicats
- Les institutions et les territoires.
Le temps de la rupture : Le port devient un campus d’innovation, le changement des littoraux devient un nouveau symbole du lien terre-mer. La logistique des bateaux est à créer et une modification des modèles culturels actuels est indispensable.
Son regard sur le projet GREEN BAY
A propos du projet GREEN BAY, les réactions de Patricia Ricard sont diverses. Interrogée par EchoSud, elle reprend les points forts de son intervention :
« Je constate que les éléments du Futur y sont présents, ainsi que de multi acteurs et la science avec Ifremer. Devant l’ampleur de la tâche, le financement est là, et pour cela il est important d’avoir l’accompagnement de l’Europe.
Considérant son ouverture sur la biodiversité, c’est bien que le projet soit abouti, qu’il soit engagé à la fois sur un chemin de transition et sur un plan d’innovation de rupture. »
Patricia Ricard complète sa pensée de rupture par cette citation : « Ce n’est pas en améliorant la bougie qu’on a inventé l’ampoule électrique.»
Poursuivant la lecture des activités entreprises par la future norme, elle commente encore ainsi :
« Le bio mimétisme, c’est l’ingénieur qui parle au biologiste, de la Vie et de la Nature, la Nature ne détruit pas, elle s’adapte. Reprenons ce modèle inspirant.
La circularité des produits, en consommation locale lorsque les produits sont réutilisés, moins de déchets sont créés et moins de nouvelles matières premières sont nécessaires. Parlons de la « plastique phobie », le problème est la gestion de son déchet. Allons vers le plastique universel polymère moins complexe recyclable partout, son retraitement est une priorité ; ciblons des solutions de bons sens et de bonnes sciences !
Enfin ayons une vision de la réalité territoriale, ce territoire géo climatique qui se retrouve hors des limites administratives étatiques, avec ses sols que l’on peut partager de part et d’autre des frontières naturelles.
S’il y a beaucoup de choses que l’on ne pourra plus faire comme avant, chaque modification du système naturel apporte aussi son lot d’opportunités. »
La conclusion sur le changement de Patricia Ricard est une référence cinématographique, dans « Le Guépard » de Luchino Visconti, la phrase exacte est la suivante :
« Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ».