Discours de Renaud Muselier, président de la Région Sud
Crédit photo : F. PENNANT

SÉMINAIRE INTERNATIONAL

«Renforcer la coopération pour plus de cohésion, d’inclusion et de durabilité en Méditerranée dans le cadre de l’assemblée générale de la commission interméditerranéenne»

Discours de Renaud MUSELIER, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, prononcé le vendredi 21 juin lors de l’Assemblée Générale de la Conférence des Région Périphériques Maritimes.

Dans la continuité du voyage officiel conduit au Liban et en Egypte, le Président de la Région a souligné l’importance d’une coopération euro-méditerranéenne forte à la veille du Sommet des Deux Rives.

En 2017, j’ai voulu réunir à Marseille l’ensemble des collectivités territoriales partenaires de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mon prédécesseur Michel Vauzelle avait réussi à édifier un véritable réseau de Régions, d’Unions de municipalités, de Gouvernorats et de Wilayas sur toutes les rives de la Méditerranée. C’est sur ce travail réussi que nous avons pris appui, pour construire cette stratégie nouvelle. Depuis, de nombreux projets concrets ont vu le jour au sein de nos territoires partenaires. Et au-delà des actions que nous menons ensemble, nous déployons une idée forte : c’est dans les territoires de Méditerranée que peut aussi se jouer la construction d’une stratégie globale.

C’est pour cela que j’ai tenu à vous accueillir cette année.
Là où Méditerranée du futur constitue un chemin diplomatique nouveau, à part entière, la CIM-CRPM est le porte-voix qui nous permet de peser massivement ensemble. En cumulant nos forces et en travaillant sur ce qui nous unit plutôt que sur ce qui nous divise, nous pouvons faire la différence.
C’est au niveau de nos collectivités de toutes natures, de toutes formes, que nous pouvons être directement dans le concret, au plus près de nos citoyens. Nous partageons les mêmes défis ! Les enjeux du quotidien des peuples de Méditerranée sont communs. Nous n’avons pas la prétention de faire de la géopolitique à la place des Etats mais plutôt de nous pencher sur le concret en ayant des projets clairs et utiles. Notre démarche vient en complément naturel des diplomaties nationales, à la fois sans se confondre avec elles et sans les concurrencer.

Nous avons donc déclenché cette stratégie autour de trois événements annuels.
En novembre 2017 ce fut un engagement pour les accords sur le climat avec 9 délégations et 37 pays représentés.
En novembre 2018 nous avons donné la priorité à la jeunesse et à l’innovation avec 17 délégations et 61 pays représentés.
En novembre 2019 pour Invest’in Méditerranée du futur les 25 et 26 novembre, toutes les délégations présentes aujourd’hui seront invitées.

La semaine dernière, avec une délégation régionale importante, nous avons incarné cette politique avec un déplacement de 5 jours au Liban et en Egypte.

Nous avions trois mots d’ordre :

Présenter cette stratégie aux Gouvernements de Méditerranée.
Au Liban, nous avons pu défendre cette diplomatie complémentaire menée par les territoires auprès du Président de la République, du Premier Ministre, du Président du Parlement et de nombreux Ministres. En Egypte, nous l’avons fait auprès de la Ministre de l’Investissement, des grandes autorités religieuses coptes et sunnites dont le rôle social est capital.

Nous ne pouvons pas rester dans notre coin et avancer seuls. Nous avons besoin de l’aval des Etats pour réussir et surtout qu’ils comprennent ce que nous pouvons apporter de plus !

Consolider et relancer nos partenariats de coopération territoriaux.
Au Liban, avec l’Union des municipalités de Jezzine et l’Union des municipalités de Tyr, qui sont deux collectivités très différentes mais avec lesquelles nous travaillons sur des projets concrets ! En Egypte, nous collaborons avec notre partenaire le Gouvernorat d’Alexandrie et son remarquable Gouverneur Abdelaziz Konsowa.

Et c’est là qu’on voit bien l’importance de la dimension humaine, des liens réels que nous pouvons nouer car nous sommes directement confrontés aux défis de nos territoires. Et ces défis se ressemblent beaucoup.

Faire dialoguer les compétences de Méditerranée autour de projets très concrets.
Au Liban, le Doyen de la Faculté de médecine de Nice est en contact avec l’Université de Beyrouth pour un projet de télémédecine commun et notre Parc Naturel Régional du Verdon a servi de modèle à Jezzine pour son propre Parc Naturel. En Egypte, Les directeurs généraux des Port de Marseille et d’Alexandrie se sont rencontrés. Le MuCEM et le futur nouveau musée du Caire sont réunis pour un partenariat culturel !
Cette politique a un sens : permettre aux territoires de monter des projets très concrets en Méditerranée grâce à la rencontre entre leurs forces vives.

Ensemble, nous représentons 150 Régions appartenant à 28 pays de l’Union européenne et de son voisinage Sud et Est.

Ensemble, nous représentons plus de 200 millions de citoyens.

C’est ensemble que nous pouvons peser politiquement sur les prises de décision des Etats et sur les stratégies méditerranéennes.

C’est aussi ensemble que nous pouvons nous entraider et échanger pour construire les grands projets concrets de demain.

C’est pour cela que la Région est très impliquée dans la Commission Interméditerranéenne (CIM) de la CRPM, qui compte une cinquantaine de membres dans 10 pays (France, Espagne, Portugal, Italie, Malte, Grèce, Chypre, Albanie, Maroc, Tunisie) réunie depuis jeudi. C’est aussi pour cela que nous accueillons également une antenne de la CIM à Marseille avec la présence d’un agent (Emmanuel MANISCALCO) du réseau hébergé au sein de la Direction de la Coopération Euro-Méditerranéenne. C’est enfin pour cela que la Région par l’intermédiaire de ma Présidente de Commission, Agnès Rampal, est Vice-Présidente de la CIM CRPM.

Nous avons des enjeux communs majeurs et immédiats. Nous vivons un moment-clé, avec les négociations en cours au niveau de l’Union européenne sur l’avenir des programmes de coopération et de voisinage en Méditerranée. Nous devons protéger le programme MED mais aussi la spécificité du programme de voisinage IEV ouvert aux pays du sud ; il en va de notre crédibilité ! Nous présenterons la « déclaration des Régions méditerranéennes au sommet des deux rives » rappelant l’importance de l’action des Régions pour faire face aux enjeux de la Méditerranée et mettre en évidence leur place et leur rôle en matière de coopération méditerranéenne en appui de l’action diplomatique des Etats. Cette déclaration, élaborée dans le cadre de la CIM-CRPM et adoptée par l’assemblée générale, sera ainsi une contribution au sommet de la « Méditerranée des deux rives » du 24 juin à Marseille.

Ensemble nous devons avancer pour promouvoir la croissance bleue par la protection de la Mer Méditerranée. Malgré la situation très fragile et toujours instable qui règne en Méditerranée les conditions sont réunies pour aller de l’avant. En lançant notre « Plan Climat », notre Région porte un engagement très fort en Méditerranée : écomobilité, région neutre en carbone, préservation du patrimoine, croissance associée… C’est 25 % du budget régional en 2019.

Par ailleurs, la Région Sud possède le seul site d’essai en Mer Méditerranée dédié à l’éolien flottant. D’ici 2030 nous prévoyons près de 100 éoliennes.

Ensemble nous devons avancer pour mettre en avant la jeunesse comme atout pour aujourd’hui et demain. Depuis 2017 nous portons l’évènement « Méditerranée du Futur » dont l’acte II a été consacré entièrement à la thématique de la jeunesse. Nous avons lancé un appel à projets de 250 000 euros intitulé « Priorité à la Jeunesse et à l’innovation en Méditerranée ». Nous portons également la création d’un Parlement euro-méditerranéen de la Jeunesse, instance de dialogue et d’échange réunissant des jeunes de tous nos territoires de coopération.

Ensemble nous devons avancer pour construire un projet Méditerranéen basé sur la coopération et la promotion de projets concrets. Afin de renforcer la coopération entre les collectivités il est indispensable de préserver le Programme INTERREG MED dont la Région Sud est Autorité de Gestion.

Ensemble nous devons avancer pour trouver des réponses concertées à la crise migratoire. Les Régions Françaises ne sont pas compétentes en matière de migration et d’asile mais il paraît important de témoigner de notre solidarité aux régions européennes de premier accueil comme c’est le cas pour la Grèce Occidentale.