MEDEF PROVENCE . ALPES . COTE-D’AZUR
L’Edito de Jean-Luc Monteil * du Vendredi 17 mai 2019

*Président du MEDEF PROVENCE . ALPES . COTE-D’AZUR

Baisse du taux de chômage : l’éclaircie avant la tempête ?

Pour la première fois depuis dix ans, le taux de chômage en France tombe à 8,7 %. La décrue est certes lente (19 000 chômeurs de moins en trois mois) et est à mettre en regard de l’augmentation de la population active (20 000 personnes en moyenne par trimestre) ; mais force est de constater que la courbe du chômage amorce son inversion, dopée par la croissance tricolore (+1,7 % en 2018 et 0,3 % au premier trimestre 2019) et les mesures pro-entreprises mises en oeuvre depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, voire depuis la fin du quinquennat Hollande.

Le contexte a cependant évolué depuis mai 2017, marqué par le mouvement des « gilets jaunes », faisant dire à certains observateurs qu’à l’instar de ses prédécesseurs (François Mitterrand en 1983 ou Jacques Chirac en 1995), Emmanuel Macron aborde un virage politique majeur. Un tournant à plusieurs inconnues mais qui semble guidé par la nécessité d’apporter des réponses concrètes (sociales et fiscales) à nos concitoyens après plusieurs mois de contestations.

Or, l’inconnu et l’instabilité n’inspirent que de l’aversion aux chefs d’entreprise, inquiets de voir l’étau fiscal se resserrer à nouveau. Cette crainte est amplement justifiée par la volonté de supprimer certaines niches fiscales (créées, pour rappel, pour contrecarrer le niveau démentiel de prélèvements obligatoires en France).

Un changement de cap, d’une politique de l’offre vers une politique de la demande, serait ainsi désastreux pour les acteurs économiques. Ce serait d’abord un contre-signal envoyé à tous les entrepreneurs du territoire et aux investisseurs étrangers, alors que la France vient d’entrer pour la première fois dans le top 5 des pays les plus attractifs du monde selon le cabinet A.T. Kearney. Ce serait qui plus est enrayer la fragile dynamique de l’emploi et miner la confiance (à peine retrouvée) des entrepreneurs envers le marché et l’avenir.

Dès lors, soyons plus vigilants que jamais et retenons les leçons du passé. Rappelons-nous, notamment, à quel point les mesures anti-économiques prises par François Hollande sans concertation avec les organisations professionnelles avaient été désastreuses pour la croissance et l’emploi.

La baisse du taux de chômage devrait au contraire inciter le chef de l’État à écouter davantage les entrepreneurs. Eux savent que sortir de l’ornière du chômage nécessite une constance dans la baisse des prélèvements et le développement de formations cousues dans la dentelle pour répondre au plus près aux besoins de leurs entreprises. Eux savent que la politique du zig-zag mène inéluctablement à la déroute.

Alors, mettons à profit l’éclaircie actuelle et épargnons-nous la tempête !