La chaîne de valeurs de la filière yachting mérite le meilleur accueil portuaire

« Avec l’émergence de structures adaptées à la maintenance de bateaux de plus en plus grands, il est nécessaire de repenser l’accueil portuaire de ces unités, tout au long de l’année » affirment en chœur les professionnels du secteur. La sensibilisation des directeurs de port pour en améliorer l’accès est à l’ordre du jour. Des zones d’accueil et sécurité à quai pour des bateaux de 25 à 50 m. sont nécessaires.

« A titre d’exemple, les chantiers d’Antibes font le plein toute l’année, chez nous, nous souffrons d’infrastructures pour remplir de juin à septembre et de places à flot d’avant et après chantier » entend-on du côté d’IMS. La concurrence est à Barcelone « 30 à 40 places de port ont été installées à cet effet », également en Italie, où l’on a anticipé ces équipements. « Le métier, ce sont les 30 à 60 m. or nous sommes positionnés et taillés pour cette cible métier » confirme Denis Pellegrino.

Une vraie vie économique et sociale dans la rade de Toulon

Les membres d’équipages restent sur le chantier 4 à 5 mois en moyenne, cela nécessite une capacité d’accueil, d’hébergement et des prestations de qualité : hôtellerie, conciergerie… des activités commerciales à dynamiser, un cadre de vie adapté à hauteur des attentes.

« L’activité croisière est compatible, à l’exemple d’Antibes où cohabitent des 5 m. jusqu’à des unités de 90 / 100 m. et les places de port sont vendues en « garantie d’usage » sur 10 à 15 ans. En projection, avec de telles dispositions dans notre rade, nos productions pourraient croître de 50%, nos CA de + 30 à 40% et le CA des sous-traitants pourrait doubler. » affirment les responsables de chantiers navals qui se disent prêts à participer financièrement à cette création de valeurs et accompagner la mutation des ports, à comprendre les exigences de cette clientèle. Une offre complète avec des places à flot réservées à l’année développerait l’actuelle saisonnalité de l’entretien calée sur 8 mois.

« Une empreinte yachting dans le développement de la rade de Toulon se conjugue avec une zone portuaire adaptée à la vie des équipages » surenchérit Laurent Falaize.

Le tissu économique local doit prendre la mesure de ces opportunités et développer des attractivités locales connexes. A partir des ports de Toulon, peuvent se créer une base de départ pour des clients charters, des activités de loisirs prisées par cette clientèle essentiellement anglo-saxonne.

Le rôle du cluster RYN et ses partenaires

L’année 2018 a vu une grande victoire remportée face aux autorités italiennes qui accordaient une exonération de taxe sur les carburants pour les yachts, au mépris des directives européennes. Cette distorsion de concurrence était préjudiciable pour les ports français qui constataient une fuite de 25 à 30 % de leurs clients qui allaient se ravitailler en Italie, mais aussi y effectuer l’entretien des yachts et des réparations -250 M€ par an de pertes économiques.
Riviera Yachting Network, avec le soutien de la Région et de la Fédération des Industries Nautiques, a déposé une plainte devant la Commission européenne le 27 sept. 2017, qui a adressé une mise en demeure à l’Italie de se mettre en conformité avec les textes communautaires le 17 mai 2018.

Autre motif de satisfaction pour les professionnels, avec une avancée sur le statut social du marin dont le coût supporté par les armateurs étrangers dissuadait de faire travailler les chantiers français. Protection sociale et activité économique s’en trouvent ainsi préservées.

Ces instabilités –fiscale et sociale- dissipées, les professionnels retrouvent de la visibilité dans leurs activités.

« Quand nous parlons d’une seule voix, nous sommes entendus et nous pouvons défendre notre filière et nos emplois », résume le président Laurent Falaize.

Toulon, La Ciotat et Marseille sont très complémentaires à travers des investissements structurants. « L’activité Yachting génère plus de 900 M€ de retombées économiques ; à réévaluer, nous allons effectuer un travail de mesure réelle des retombées » affirme le président Falaize. « RYN est associé est associé à l’Opération d’Intérêt Régional « Economie de la Mer » structurant la filière navale et maritime pour conquérir de nouveaux marchés. Preuve que les décideurs politiques savent que la filière de la grande plaisance  crée des emplois et de la richesse en Région » rappelle-t-il.

Témoignages

Julien Talagrand, directeur d’exploitation du site Monaco Marine de la Seyne : 
« Monaco Marine a démarré son activité en novembre dernier. Notre segments, ce sont les yachts à partir de 30 m et jusqu’à 55 m. Notre cœur de métier, c’est la mécanique, la soudure et l’électricité. Nous employons 16 salariés et comptons atteindre 40 personnes d’ici 2 ans (recrutement, formation, montée en compétence). Nous avons créé une belle dynamique avec 10 sous-traitants ».

  • Terrain : 40 000 m2
  • 2 hangars de 1 200 et 2 400 m2
  • 30 places, 17 à terre et 13 à flots
  • Investissements : 15 M€ (Aménagement et construction des infrastructures)

Crédits photos : Guillaume Plisson

Denis Pellegrino, président d’IMS Shipyard 
« C’est notre 3ème année sur notre nouveau site, ce qui nous avait permis de multiplier notre capacité d’accueil par 5. Nous avons constaté un afflux de commandes, ce qui nous a permis de recruter 20 personnes en fin d’année. L’arrivée de Monaco Marine est une bonne nouvelle, nouveau concurrent, nouvelle dynamique, donc plus de clients et des effets positifs sur l’emploi et pour les sous-traitants. Tout le monde sera gagnant ».

  • 120 salariés
  • CA prévisionnel 25 M€ (+ 10 %)
  • Investissements : 27 M€

Patrick Bellœil, directeur de la Division Navale de FOSELEV : « Nous ambitionnons de réaliser 20 % de notre CA dans le secteur de la grande plaisance dans les 2 années à venir. Nous sommes dans une logique de partenariat et de complémentarité des compétences et travaillons régulièrement en synergie avec les autres acteurs locaux de Saint-Mandrier, La Seyne-sur-Mer ou de La Ciotat ».

La Division Navale, ce sont 2 filiales du Groupe FOSELEV et 140 salariés.
Investissements : 5 M€

  • FOSELEV MARINE
    • Chantier naval, réparation et maintenance tôlerie – soudure
    • Armateur, 3 navires dont CASTOR 02 (45 m.) dédié aux prestations d’activités maritimes
  • CIMAT SARTEC Toulon
    • Maintenance navale
    • 100 cadres, ingénieurs maintenance, préparateurs, chefs de chantiers, chefs d’équipes, mécaniciens et hydrauliciens, capables d’assurer le Maintien en Condition Opérationnelle (MCO) des installations mécaniques et hydrauliques des navires à propulsion conventionnelle et nucléaire en France et à l’étranger (Arabie Saoudite, Égypte, DOM TOM, Malaisie…)
    • Dock flottant d’une capacité de mise à sec de navires de 950 T. au maximum
    • 250 m. de quais pour l’accueil de yachts pour la réalisation de travaux à flots.

Quelques chiffres en Région

  • Riviera Yachting Network = 100 adhérents
  • Réparation : 700 yachts entre 24 et 150 mètres ; potentiel 1 400 d’ici 10 à 15 ans
  • Emplois : 2 500 – 1 000 familles vivent du yachting
  • 90 % de l’activité des chantiers navals sont co-traités