MEDEF PROVENCE . ALPES . COTE-D’AZUR
L’Edito de Jean-Luc Monteil * du Vendredi 26 avril 2019

*Président du MEDEF PROVENCE . ALPES . COTE-D’AZUR

Annonces d’Emmanuel Macron : quand le président fait du yoyo…

Alors que les annonces d’hier soir devaient marquer un tournant dans le quinquennat d’Emmanuel Macron et apporter des réponses concrètes après des mois de débats, le président de la République n’a, au final, contenté personne. La faute à un manque de bon sens de la part de celui qui se présente comme le héraut du pragmatisme.

Pourtant, sa volonté de bien faire, de répondre aux attentes des Français et de relancer notre économie peut difficilement être remise en doute. À cet égard, depuis son élection, Emmanuel Macron s’est fait à de nombreuses reprises le « VRP » de la France à l’étranger, soucieux d’attirer les investisseurs, créateurs d’emplois et de régler, enfin, la question du chômage de masse.
Mais au-delà de la volonté, c’est du courage et de l’écoute qu’attendaient nos concitoyens.

Du courage, d’abord, de s’attaquer au déficit public ; non pas par des coupes sombres dans les budgets de la fonction publique, mais par une rationalisation des dépenses. Sur ce point, je regrette que le président ne se soit pas exprimé, si ce n’est pour annoncer son renoncement à tenir son engagement de suppression de postes dans la sphère publique.

De l’écoute, ensuite. Or, si Emmanuel Macron a semble-t-il écouté, il n’a visiblement pas entendu. Une écoute réelle nécessitait de dépasser les seules mesures d’urgence, souvent cosmétiques, de prendre le temps du diagnostic et de mettre en oeuvre des solutions concrètes capables de répondre au ras-le-bol fiscal des ménages et des entreprises.

Au contraire, en faisant peser sur les entreprises le financement des mesures annoncées pour les ménages, le président de la République laisse penser que les entreprises seraient responsables des maux exprimés par nos concitoyens. Bénéficiant de niches fiscales, elles ne contribueraient pas assez à l’effort national, privant ainsi les Français d’un accompagnement suffisant, d’une retraite digne ou d’une sécurité sociale à la hauteur des enjeux.

C’est oublier que les entreprises sont les plus prélevées d’Europe, qu’elles ont versé – lorsque les conditions le permettaient – la prime de Noël souhaitée par Emmanuel Macron à leurs collaborateurs et qu’elles continuent à créer des emplois massivement dans un contexte difficile. C’est oublier, surtout, que notre système social est à bout de souffle. Pourtant, rien, dans la conférence de presse du président de la République, ne traduit une volonté de réformer en profondeur ce système devenu obsolète. En cela, la séquence d’hier – réussie sur la forme – restera probablement comme l’acte manqué d’Emmanuel Macron.

Si j’exprime une certaine déception, c’est parce que j’ai la conviction qu’Emmanuel Macron aurait tout intérêt à faire confiance aux acteurs économiques pour relever notre pays, et à ne pas jouer le match « ménages » contre « entreprises » !