DFDS Seaways (Det Forenede Dampskibs-Selskab) est une importante compagnie maritime danoise opérant à la fois dans le transport de fret et dans le transport de passagers. En avril 2018, DFDS annonce l’acquisition pour 950 millions d’euros de U.N. Ro-Ro, une entreprise turque de transport maritime qui escalait à Toulon depuis 10 ans ; les marchandises transportées : machines, pièces automobiles, véhicules, électronique, ordinateurs, produits en plastique, textiles, vêtements, et autres.

A la hauteur du succès de cette ligne Pendik-Toulon qui avait atteint un trafic de l’ordre de 70 000 remorques par an, le départ pour Sète de DFDS- U.N. Ro-Ro laisse un pan de l’économie locale en berne avec 200 emplois impactés

La seule ligne régulière fret depuis 2011 qui générait un flux de 70 000 remorques annuelles pour 990 000 tonnes vient de s‘arrêter, laissant sur le carreau la centaine de dockers de la société CGMV, une cinquantaine de personnes de l’agent Worms Services Maritimes, chez les transitaires, les transporteurs locaux et quatre douaniers auxquels s’ajoutent les activités connexes liées aux frais de vie, commerces, alimentation, hébergements hôteliers.

« C’est une perte globale de 15 millions d’euros de revenus annuels. Peu d’entreprises locales génèrent un tel chiffre d’affaires, ce qui fait mesurer l’ampleur du désastre économique. » réagit Philippe Garo, président de l’Union Maritime de la Rade de Toulon.

L’UMRT participe à la réflexion, nombre d’adhérents de I’UMRT subissant brutalement la loi de l’armateur DFDS.

Effet d’aubaine ?

« Le port, vide désormais de tout trafic, peut représenter une opportunité pour des armements en quête d’un point de transbordement ou d’un point d’ancrage en Méditerranée française » analyse Philippe Garo, par ailleurs : « Le monde du shipping est un petit monde, cela va se savoir et il faut une communication positive et non pas souligner que DFDS va être poursuivi, la base juridique étant plus qu’improbable ».

Quelle est l’attractivité du port de La Seyne Brégaillon ?

Au cours des 9 années de présence de la ligne avec la Turquie, des investissements publics ont été réalisés et des travaux en cours notamment pour remettre en état la connexion ferroviaire entre le port et la gare de La Seyne-sur-Mer qui entrera en fonction dans quelques semaines : le report modal ferroviaire est un point important de stratégie commerciale.

Des points d’amélioration :

  • Réaliser un service phytosanitaire qui permettrait d’abonder le trafic de marchandises agroalimentaires
  • Un système informatique pour la cargaison (Cargo Community System) capable d’accélérer le passage portuaire
  • Travailler non pas sur un mais des trafics fidélisés par contrat.

Faire savoir l’offre : un plan d’action global

Il appartient aussi aux agents maritimes et aux sociétés de manutention portuaire de participer à l’effort de promotion de l’offre. Les entreprises sont à la source du développement de l’activité économique. Ils ont vocation à amener leurs clients, les chargeurs et les armements, au port de commerce.

« Nous avons devant nous une feuille blanche avec une nouvelle histoire à écrire pour le port de commerce de La Seyne-Brégaillon. Que tous les acteurs et les autorités travaillent ensemble et collectivement à la promotion du port et qu’ainsi leurs outils de visibilité constituent un outil de rassemblement. Il me semble enfin important de souligner qu’une présence efficace et travaillée à l’avance dans les salons internationaux du shipping pour faire connaître le port de La Seyne Brégaillon et ses atouts réels – et non supposés – sera efficace » résume le président de l’Union maritime, « Il suffit les paroles, assez de blabla, il faut des actes forts de reconquête ! ».

Propos recueillis par André Goffin – Echosud