MEDEF PROVENCE . ALPES . COTE-D’AZUR
L’Edito de Jean-Luc Monteil * du Jeudi 8 novembre 2018

*Président du MEDEF PROVENCE . ALPES . COTE-D’AZUR

Face aux mutations à venir, une seule solution :
la prise de risque au service du financement de l’innovation !

Dans son histoire récente, notre pays a dû faire face à des profondes transformations dont il a presque toujours su tirer parti. Il en est ainsi des deux premières révolutions industrielles des 18ème et 19ème siècles, au cours desquelles ont émergé certains de nos fleurons nationaux encore leaders de leurs secteurs aujourd’hui.

Bien plus tard, depuis la fin du 20ème siècle qui marque l’avènement de l’électronique, force est de constater que la France n’est plus considérée comme l’étendard de l’innovation. Insuffisamment soutenues par la puissance publique et mal préparées à la vague d’innovations des années 1990-2000, nos entreprises ont en effet raté le coche de la troisième révolution industrielle.

À l’heure où d’aucuns estiment que nous vivons une nouvelle révolution, numérique cette fois, nos décideurs publics et nos organisations doivent prendre conscience que c’est en agissant dès aujourd’hui que nous préparerons les profondes mutations qui nous attendent.

Bien décidées à réussir cette révolution numérique, les puissances mondiales – États-Unis et Chine en tête – et de nombreux pays émergents – dont Israël fait figure de proue – ont fait des innovations de rupture le socle de leur économie. À contrario, la France reste prisonnière de sa logique de rente dans laquelle elle s’est elle-même enfermée et voit sa confiance dans les vertus du progrès s’amoindrir. C’est pourtant en encourageant le risque et l’innovation que nous parviendrons à refaire notre retard sur le reste du monde. Le numérique ne représente en effet que 5,5% de notre PIB, contre 7 à 10% dans les pays les plus dynamiques en la matière. À ce titre, on ne peut que regretter que la dotation de l’État à l’activité de Bpifrance, cœur des aides à l’innovation de la banque publique d’investissement, baisse d’année en année – de 250 millions d’euros en 2012 à 136 millions cette année –. Nous attendons dès lors beaucoup du Fonds pour l’innovation et l’industrie créé en janvier dernier et qui devrait être doté, à terme, de 10 milliards d’euros selon la promesse de campagne d’Emmanuel Macron. La création de ce fonds est une première étape importante mais qui, pour être véritablement efficace, devra être en priorité fléché sur des projets ambitieux et novateurs ; ce qui signifie être prêt à accepter des taux de défaut importants. On ne peut en effet que s’étonner que le taux de défaut de Bpifrance pour ses prêts à l’innovation soit inférieur à 5%. Si l’établissement dirigé par Nicolas Dufourcq finançait réellement l’innovation, ce taux se situerait plutôt autour de 40 ou 50% !

Pour l’heure, au-delà de l’aspect budgétaire, notre frilosité et notre absence de vue nous empêchent d’avancer. Sans changement de culture, il est illusoire d’imaginer l’émergence d’un « GAFA » tricolore ou, même, européen. Ce n’est d’ailleurs qu’à l’échelle européenne que nous pourrons construire les réponses aux défis que nous imposent cette révolution. Prenons-en conscience collectivement et agissons !

AUTEUR : Informations_Presse (echosud.fr)